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Chaînes satellitaires arabes: Un pas en avant, deux pas en arrière

SociedadChaînes satellitaires arabes: Un pas en avant, deux pas en arrière

Chaînes satellitaires arabes: Un pas en avant, deux pas en arrière

“Les Arabes parlent aux Arabes”, tel semble être -en paraphrasant le célèbre appel de De Gaulle un certain 18 juin 1940- le leitmotiv de certaines nouvelles chaînes satellitaires arabes.

Par Zyed Krichen

Le ciel satellitaire arabe est complexe et diversifié. Les vingt- deux pays membres de la Ligue des Etats arabes comptent plus de deux cent dix chaînes satellitaires. L’Egypte s’accapare la part du lion (près d’une trentaine), suivie de loin par les Libanais et les Saoudiens. Les dix neuf autres pays membres se contentant en moyenne de deux chaînes, voire trois tout au plus, ceci sans compter les nouveaux bouquets et chainesde clips privés dont le nombre s’accroît à unevitesse vertigineuse…

Mais, manifestement, quand on parle, au Maghreb comme au Machrek, des chaînes satellitaires arabes, on désigne un type particulier de télévisions, souvent privées, qui ont pu dépasser ces dernières années les limites de leur territoire national et qui s’adressent, parfois d’un endroit interdéterminé, au téléspectateur arabe transnational ou, mieux encore, à la “rue arabe”…communiquant.

Au commencement étaitla presse écrite

L’expérience des médias transarabes ne date pas d’aujourd’hui. Depuis la fin des années 1970, un nouveau phénomène marqua la presse écrite.Les fortunes colossales de certains hommes d’affaires, et aussi de médias du Golfe (des Saoudiens pour l’essentiel) s’installèrent en Europe, notamment à Londres, pour éditer des journaux (quotidiens, new magazines, revues spécialisées) destinés au Monde arabe dans sa globalité. Il y a eu la conjonction de cette volonté managériale, et parfois politique, avec un savoir-faire libanais (guerre civile oblige, égyptien et parfois palestinien. C’était l’époque de “Chark al-awsat, Al-Majalla, Saydati… Ces pionniers furent imités par les Irakiens, les Libyens, les Syriens… avec des résultats plutôt mitigés…

De la presse écrite on passa naturellement à la télévision avec notamment la chaîne saoudienne privée MBC, basée à Londres.

Paradoxe de l’histoire, ce sont les Anglais qui voulurent créer, au milieu des années 1990, la première chaîne d’information continue en arabe (faite par des journalistes arabes et financée par des Arabes (toujours les Saoudiens).

La BBC arabe transgressa un tabou, bien arabe, l’un de ses reportages sur le Royaume lui coûta tout simplement la vie cathodique…

En histoire, comme dans la vie quotidienne, le malheur des uns fait souvent le bonheur des autres. La mise à mort de la BBC arabe a démontré, à ce moment-là, qu’un changement qualitatif dans le passage télévisuel arabe naissant ne pouvait se faire sans le consentement positif des capitaux saoudiens. Aucun autre Etat ou nomenclature arabe ne pouvait prétendre à ce statut. Les deux principaux concurrents, l’Irak et la Libye, étaient englués dans d’énormes difficultés internes. Ensuite la structure autoritaire et centralisatrice du Pouvoir dans ces deux pays ne pouvaient permettre des espaces relatifs de liberté, contrairement, il faut le souligner, aux investisseurs saoudiens.

La naissance d’Al Jazira

Tout était, donc, perdu? Non. Une révolution de parloir dans le petit Etat de Qatar (le quinzième du territoire tunisien) amena au pouvoir suprême un jeune dirigeant plutôt moderniste pour la région et qui apparemment ne veut plus de la tutelle du grand frère wahabite…

Une idée de génie: pourquoi ne pas reprendre l’expérience de la BBC arabe pour son propre compte? Le retour sur investissement en terme d’image et de rôle régional pour le petit émirat valait tous les sacrifices. Le nom de la nouvelle chaîne est en lui-même en programme Al-Jazira. Il réfère immédiatement à la péninsule arabique (Jazirat-al-arab). L’enjeu est clair: c’est le leadership symbolique dans les pays du Golfe…

Il fallait quand même arabiser et “qatariser” ce nouveau concept. Pas question de faire de l’information pour l’information comme la BBC arabe. Ce serait très coûteux et peu rentable. Il faut que l’information soit “engagée”? Qu’elle ait une mission. Qu’elle serve une grande cause. En un mot: qu’elle frappe très vite les esprits.Le téléspectateur arabe doit réaliser en quelques minutes qu’il est face à une chaîne qui n’existe nulle part ailleurs… tout en le caressant dans le sens du poil en ménageant, voire en extériorisant ses espoirs et ses déceptions…

Il faut faire du pluralisme, surtout agressif et conflictuel, la base du travail de la chaîne. L’information n’étant que le corollaire du pluralisme et non l’inverse. C’est le fameux slogan de la chaîne “l’opinion et l’opinion autre”.

Il faut dire que le diagnostic est lucide. La liberté de ton, censée frapper immédiatement le regard et l’esprit du téléspectateur, est beaucoup plus manifeste dans les débats politiques et idéologiques que dans le traitement objectif et impartial de l’information.

L’engagement en faveur de la Palestine est consensuel. Mais dans les médias arabes officiels il est mou et sans référentiel politique clair. Pour Al Jazira l’engagement pro-palestinien sera synonyme de diatribes anti-américaines et parfois anti-occidentales tout court. C’est un message plus déterminé et qui est censé, surtout, plaire à la “rue arabe”

Enfin Al Jazira a besoin d’un “guide” spirituel qui donne sens et cohérence à toutes ces “batailles” ponctuelles. Et là il n’y a pas photo, ce sera l’autorité religieuse et intellectuelle qui a marqué de son empreinte le jeune émirat durant le dernier quart de siècle: le fameux Cheikh Youssef al-Kharadhaoui, grande figure des Frères Musulmans égyptiens et apôtre du “centrisme islamiste” ou du “real islamism”. C’est-à-dire un fondamentalisme à visage humain, réactionnairequand au socle doctrinalavec un packaging plus oumoins moderne

Le Cheikh al-Karadhaoui sera le personnage central durant ces neuf ans d’une des émissions phare de la chaîne “La chariaâ et la vie”. Pratiquement la seule émission “dispensée” de “l’opinion autre”. Car quand al-Karadhaoui parle, point de nécessité, généralement, d’un contradicteur.

C’est ce triptyque qui constituera l’âme de la chaîne et aussi la base de son succès indiscutable. Pour compléter ce tableau historique, disons que dans les premières années de la chaîne (en gros jusqu’à fin 2001) on évitait de trop titiller le grand frère saoudien. Le ton était aussi équilibré avec l’Egypte, l’Irak et la Syrie.

Al Jazira réserva ses flèches surtout aux pays “lointains”, c’est-à-dire le Maghreb où à ceux qui ne représentaient pas un danger vital pour elle: la Jordanie, le Yémen et le Koweit.

Le déclenchement de la seconde intifadha en septembre 2000 et les attentats du 11 septembre 2001 allaient renforcer et repositionner le discours de la chaîne.

Elle prit franchement fait et cause pour les attentats kamikazes palestiniens et devint la “boîte à lettres” d’Oussama Ben Laden et d’al-Qaïda. Elle refusa, jusqu’à ce jour, de qualifier les actes violents d’al-Qaïda de “terrorisme”. La consigne éditoriale écrite était d’utiliser à chaque fois cette phrase “ ce que les Etats-Unis d’Amérique considèrent comme terrorisme”. La semaine dernière, une cassette vidéo du numéro deux d’al-Qaïda, l’Egyptien Aymen Dhaouahiri, dans laquelle il critique la notion américaine de réforme et met en garde les islamistes du “leurre” du changement pacifique, a été exposée toutes les heures par les journaux de la chaîne. Elle a même été l’objet d’un débat de la nouvelle émission “Au delà de l’information”.

Il n’est pas dans notre intention de dire que le bilan d’Al Jazira est globalement négatif. Loin de là. Il suffit de constater l’effet subversif de cette chaîne sur un paysage télévisuel arabe jusque-là terne et morne pour se convaincre de l’utilité thérapeutique de cette voix qui nous vient de Qatar.

A son actif, aussi, d’avoir démontré que les Arabes, avec beaucoup moins de moyens qu’on ne le croit, peuvent faire de l’information autrement…

La seule critique majeure qu’on peut lui faire est de laisser croire aux téléspectateurs à une liberté de ton sans tabou et à un discours valable pour tous les Arabes au delà de leurs différences sociales, nationales et culturelles.

Un message engagé n’est pas répréhensible en soi. Ce qui l’est par contre est de ne pas exposer ce socle de convictions aux regards critiques des différents acteurs du Monde arabe.

Prenons le cas des émissions consacrées à la femme (pour les femmes seulement) et à la religion (La chariaâ et la vie).

Nous avons étudié ces deux émissions durant les deux mois de mars et d’avril dernier (le site d’Al Jazira propose une transcription littérale de l’ensemble de ses émissions) et si on passe outre la mise en scène télévisuelle et la stratégie de prise de parole (voir l’article de Khémaïs Khayati) nous pouvons relever ce qui suit:

* Le référent absolu (de la mode à l’Etat musulman) est l’identité arabo-musulmane. Une identité déifiée, au-delà de toute critique et supposée être une et unique pour tous les Arabes. S’ensuit de cela que les pays où les élites arabes récalcitrantes sont occidentalisées sont donc disqualifiés du débat.

* Cette identité, quand on la regarde de plus près, ressemble étrangement à la culture dominante dans les pays du Golfe, où avoir le visage découvert pour une femme est une prouesse en soi.

* La vision de la religion est celle d’un fondamentalisme aseptisé. Les châtiments corporels (hudud) et le statut inférieur de la femme (polygamie, répudiation, tutelle maritale) sont des données du dogme indiscutables et indiscutées.

* On discute même, à l’orée de ce 21ème siècle, du droit du mari de battre sa femme, tout en spécifiant qu’il doit éviter le visage et de laisser des traces visibles sur le corps de son épouse… Et personne parmi les invités de l’émission “La chariaâ et la vie” du 29 mai dernier ne retrouve à y redire. On a même eu droit à une explication d‘une femme médecin saoudienne qui consiste à dire que le nombre des masochistes est plus élevé chez les femmes. Le mari violent devient, ainsi, un thérapeute…

Il n’est pas étonnant, à partir de là, de voir que le télespectateur tunisien, pourtant bon musulman, regarde très peu ce genre d’émission religieuse (moins de 1%) selon les mesures de l’audimat effectué par l’Agence SIGMA Conseil – voir plus loin l’article de Hassen Zargouni).

Al Jazira a joui, dans ce nouveau créneau, d’un statut de monopole pendant sept ans. La chaîne d’Abu Dhabi a essayé de la concurrencer, surtout lors de la guerre américaine en Afghanistan. L’information était de qualité, mais elle n’a pas suscité l’adhésion de la “rue arabe” qui demande, manifestement, beaucoup plus que la simple information.

Depuis mars 2003, Al Jazira a une concurrente de taille, Al Arabya du groupe saoudien MBC.Malgré des moyens financiers énormes et un groupe de journalistes de grande qualité, l’audience de la chaîne n’arrive pas à rivaliser avec son aînée. Il est toutefois intéressant de voir, sur la durée, si une information relativement objective et apaisée telle que prônée par Al Arabya arrive à capter l’intérêt du télespectateur arabe, lassé du pugilat cathodique d’Al Jazira.

Il n’y apas à notre connaissance,d’étude d’impact de ces chaines sur le télespectateur maghrébin. Tout ce que l’on sait c’est que leschaines arabes prennent de plus en plus d’espaces dansnotre champ télévisionnel. Ilest ànoter que ce sontdeschaines de variétés et de clips musicauxqui raflent la mise, pas seulement en Tunisie, mais partoutdans le Mondearabe, au grand dam des pourfendeurs de la débauche et de la luxure. Preuve s’il enfaut, quel’identité arabo-musulmane n’est ni figée ni unique.

Mais ce qui est certain c’estque l’ensemble de ces chaines à vocation panarabe véhicule un messageet un imaginaire propre à la perceptionque se font ces nouveaux faiseurs d’opinion de leur propre société. Le Moyen-Orient et plus spécialement le Golfe. Quand cela est affiché honnêtement, comme c’est lecas plusou moins d’Al Arabyia, l’enrichissementestcertain.Quand cela esttransformé en un impératif catégorique moral etéthique absolu, les dégâts risquent d’être importants.

Quand onsait queles Iraniens avec al-Alan, les Américains, avec al-Horra, et bientôt les Français, avec lachaine internationale, sont déjà présents sur cette zonedu monde,on ne peut que déplorer, encore une fois, l’absence duMaghreb.

Les Maghrébins, avec toute leur élite intellectuelle et leurs acquis sociaux, sont entraindeperdre encore une bataille.Celle qui aujourd’hui, compte plus que toute autre chose : l’image.

La source: Réalités, Tunisie, hebdomadaire (www.realites.com.tn).

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