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domingo, mayo 5, 2024

L’exil n’a pas tué leur identité

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L’exil n’a pas tué leur identité

Ils sont en exil en Egypte, parfois depuis des décennies. Palestiniens et fiers de l’être, ils font tout pour conserver leur propre culture et leur mode de vie. Un combat au quotidien, surtout pour les nouvelles générations.

Par Dina Ibrahim et Manar Atteya

“Je voudrais tant revoir ma chambre à coucher”, implore Kawsar Al-Borno aux nouveaux occupants de sa maison. Cette Palestinienne est retournée à Jaffa en 1988 et a voulu revoir sa maison et revivre ses souvenirs. Mariée à un cousin en 1944, elle a mis au monde ses six enfants dans cette villa qui lui était si chère, avant de devoir la quitter et quitter son pays. Mais, son occupante actuelle, une Israélienne, lui en interdit l’accès. Un “non” qui résonne encore dans les oreilles de Kawsar et qu’elle ne parvient pas à oublier. “Le comble, c’est qu’une des dix familles juives installée dans ma demeure est venue m’offrir les fruits de mon propre jardin!”, raconte Hachem Al-Borno avec amertume.

Actuellement, la famille Al-Borno possède un immeuble de quatre étages à Madinet Nasr. Même si cette famille vit en exil depuis 1955, elle a conservé sa propre culture. Hachem a tenu à ce que son intérieur porte les touches palestiniennes. Dans chaque coin, on retrouve un petit quelque chose de palestinien avec en prime une photo de la mosquée d’Al-Aqsa à l’entrée. Dans le salon, le décor rappelle lui aussi la Palestine, avec des coussins multicolores faits main, brodés et confectionnés par Kawsar elle-même. Aujourd’hui, le rythme de vie a éloigné beaucoup de jeunes filles des travaux manuels. “Je me contente d’acheter des robes, des galabiyas palestiniennes, des tuniques et des coussins brodés à la palestinienne dans les différentes foires pour soutenir la cause de mon pays”, raconte Maha, 50 ans, fille de Kawsar. Même si les Palestiniennes ne brodent plus, elles tiennent à porter leurs habits traditionnels selon la région de laquelle elles sont originaires.

Mais pour montrer son sens patriotique, il faut bien plus que des habits et un mode de vie palestiniens. “Aujourd’hui, notre seule préoccupation, nous les Palestiniens, est de rassembler de l’argent pour soutenir l’Intifada. Nous nous intéressons de moins en moins aux côtés traditionnels de telle ville ou de telle région”, explique Maha en grande militante.

Sur une table du salon, deux photos en noir et blanc, jaunies par le temps. L’une montre le couple Al-Borno devant leur villa à Jaffa, dans l’autre, ils posent, debout, devant la mosquée d’Al-Aqsa. “Quand je les vois, je suis pris de nostalgie, mais aussi de colère pour cette injustice que nous subissons depuis un demi-siècle”, raconte Hachem, tout en cherchant ses actes de propriétés.

Hachem conserve précieusement ces papiers qui prouvent que ses biens ont été spoliés et qu’il espère toujours récupérer. Après la défaite de 1967, des intermédiaires se faisant passer pour des commerçants arabes ont essayé de persuader Hachem et sa femme de vendre les terres qu’ils possèdent, un total de 160 donoms (le donom équivaut à un quart de feddan). “J’ai refusé. Je veux mourir et être inhumé dans la terre de mes ancêtres”, lance Hachem Al-Borno avec détermination. Il a gardé son accent palestinien, bien qu’il habite au Caire depuis 47 ans. “On doit conserver notre identité et cela commence par continuer à parler notre dialecte”, commente-t-il. Solidarité et vie en communauté

A Moski et Al-Azhar, les commerçants palestiniens se sont toujours organisés pour aider les étudiants résidant en Egypte. “Nous les aidons financièrement afin qu’ils poursuivent leurs études qu’ils doivent payer en devises. Depuis un mois, beaucoup d’entre eux ont perdu tout contact avec leurs parents. La situation dans les territoires occupés est désastreuse, notre devoir est de veiller à ce qu’ils ne manquent de rien”, explique Magued, propriétaire d’un magasin d’épices à Al-Azhar. En effet, beaucoup de Palestiniens préfèrent faire du commerce. Les profits sont rapides et permettent une vie décente aux familles nombreuses composées généralement de 6 membres. Pour Magued, les diplômes ont peu d’intérêt. L’important est d’initier ses enfants au métier qu’il exerce afin qu’ils puissent prendre un jour la relève. Car pour pouvoir conserver son identité, il faut être indépendant et libre. C’est aussi pour assurer l’avenir de la progéniture. “Nos enfants n’ont pas de patrie et vivent dans une insécurité constante. Faire son propre commerce est une manière de les sécuriser”. Ainsi, pendant les vacances, il oblige ses 3 garçons à travailler avec lui.

Selon lui, initier ses enfants à la valeur du travail et de l’argent est le meilleur moyen de les protéger d’autant que la famille nombreuse est le prototype des Palestiniens. Pour eux, avoir beaucoup d’enfants est une richesse inestimable. “La Palestinienne qui a 4 enfants implore Dieu pour en avoir plus afin de ne pas souffrir le jour où l’un d’eux se sacrifie pour la cause de la patrie”, souligne Wessam, une des membres de l’Union des femmes palestiniennes. C’est à Gaza que le nombre d’enfants par femme est le plus élevé au monde. Faire beaucoup d’enfants est aussi un acte politique, à savoir ne pas se laisser envahir par les juifs qui viennent du monde entier pour se faire Israéliens.

Une autre façon de veiller à leur identité palestinienne est de se marier entre eux. “Mon fils qui vit aux Etats-Unis m’a demandé plusieurs fois de lui chercher une épouse”, précise Salwa, femme au foyer. Peu importe où habite l’heureuse élue, l’important est que ses parents soient originaires de Palestine. Riche ou pauvre, le futur mari doit tout prendre en charge. La coutume égyptienne selon laquelle la mariée achève une bonne partie des meubles en plus de son trousseau ne change rien à leurs coutumes à eux. Autre tradition en ce qui concerne le mariage, tous les hommes des familles des futurs époux se rassemblent pour aller demander la main de la mariée. La situation financière des Palestiniens en Egypte n’est pas toujours reluisante. Abou-Ihab, 60 ans, est l’un des plus anciens infirmiers à l’hôpital de Palestine à Héliopolis. Le visage ridé, les cheveux blancs, il est toujours très actif et prêt à sacrifier tous ses biens pour son pays. Par patriotisme, mais aussi par conviction, il a envoyé ses 4 enfants, il y a une quinzaine d’années, en Cisjordanie, à Ramallah, pour faire partie des forces armées palestiniennes. La femme d’Abou-Ihab est égyptienne et elle n’a pas fait d’objection. “Mes enfants étaient partis pour libérer une terre sainte”, dit Oum Ihab. Elle évoque avec fierté son fils aîné mort en martyr il y a plus d’un mois. Pour soutenir l’Intifada, elle façonne des drapeaux palestiniens en canevas et utilise l’alhatta (un tissu imprimé) pour confectionner des keffiehs qu’elle vend à 15 L.E. ou 20 L.E. Elle sent que ses enfants sont privés de leurs droits les plus élémentaires: avoir une patrie, une nationalité. Son discours met l’accent sur l’importance de faire changer cette vision erronée que l’on se fait des Palestiniens, à savoir qu’ils ont vendu leur terre. “On n’a jamais été des traîtres”, répète Abou-Ihab avec tristesse.

Même si la tristesse est souvent à l’ordre du jour, la nouvelle génération tient à perpétuer l’identité palestinienne dans la bonne humeur. Ainsi, tous les jeudis un groupe d’amis, filles et garçons, se retrouvent dans le garage d’Abou-Iyad pour les activités culturelles. Danser la Dabka (danse traditionnelle) est un plaisir pour tous. “Nous tenons à danser cette danse avec la tenue traditionnelle (gilet, pantalon large et le keffieh) pour que nos enfants l’apprennent”, répète Ihsane, 32 ans. Et si les uns ont du talent pour la danse, beaucoup d’autres trouvent du plaisir à participer à la chorale où toutes chansons palestiniennes traditionnelles font partie du répertoire.

Et comme pour couronner le tout, un déjeuner à la bonne franquette, où tous les mets palestiniens sont à l’honneur. Aujourd’hui, Suzy a préparé lahm bi ajine (pâte avec de la viande hachée), Hind a apporté sommaiya bil lahm (un plat de viande préparé avec une épice très piquante). Une autre a concocté une bonne maqlouba, (un plat copieux composé d’aubergines frites, de morceaux de viande et du riz).

Et dans la bonne ambiance où les nouvelles de la Palestine pleuvent, pourquoi ne pas siroter un thé en marmariya, comme le font les grands-mères là-bas au pays. La source: Al Ahram Hebdo, 10.000 ex., Egypte, hebdomadaire. Une publication du groupe Al Ahram destinée aux francophones (www.ahram.org.eg/hebdo)

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