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jueves, mayo 9, 2024

Bédouins: l’honneur pour seule justice

SociedadBédouins: l'honneur pour seule justice

Bédouins: l’honneur pour seule justice

Quelle que soit la nature du conflit qui les oppose, les tribus bédouines n’ont jamais recourt à la justice, ni à la police. C’est un conseil tribal qui règle les litiges, suivant un protocole et des codes ancestraux. Un jugement auquel chacun se plie, de peur d’entacher la dignité de son clan à jamais.

Par Hanaa Al-Mékkawi (avec Khaled Diab)

A environ 30 km de Fayed, sur la route qui mène à Ismaïliya, plusieurs véhicules s’engagent vers un chemin caillouteux à peine visible de loin et qui mène vers la madiafa (la maison d’hôte) de hag Rafie Salama, un des grands cheikhs de la tribu des Howaitat. La masure se compose d’une vaste pièce dont le sol est recouvert de grands tapis. Ce type de construction, généralement en retrait du domicile familial, est réservé aux hommes et sert à recevoir les hôtes lors des occasions importantes. Aujourd’hui, une centaine de membres de la tribu Howaitat sont au rendez-vous pour assister à un conseil tribal. A l’ordre du jour, le règlement d’un différend entre deux clans de cette même tribu: Al-Dobour et Al-Ghannamine. Le conflit a éclaté à propos de terrains, et les deux clans en sont arrivés aux mains. “Pour des cas semblables, la police n’intervient jamais. C’est notre conseil orfi qui tranche. Aujourd’hui, le juge va prononcer son verdict”, explique Ibrahim Rafie, membre de l’Assemblée du peuple dans le Sud-Sinaï, et issu de ces tribus.

Avant que cette séance n’ait lieu, le juge a imposé une période d’accalmie de dix jours afin de pouvoir mener à bien son enquête. D’après Rafie, durant cette trêve, les belligérants n’ont pas le droit de communiquer entre eux et les épouses qui ont des proches dans l’autre caste ne peuvent leur rendre visite.

Après avoir terminé la prière du vendredi, les groupes de bédouins se dirigent donc vers la madiafa, se saluent en se frôlant le nez, puis prennent place, les uns par terre à la terrasse, d’autres dans la grande salle. En apparence, cette communauté semble unie comme les cinq doigts de la main, mais la réalité est toute autre. Chaque clan s’est replié dans un coin. Et l’atmosphère est plutôt tendue. Tous les regards sont rivés vers Salem, Mangaa al-dam (Juge du sang), juge spécialisé dans ce genre de conflits, souvent à l’origine d’effusions de sang. “Il y a un juge spécialisé pour chaque domaine: terrains, bétail, argent, viol, crimes, etc. Le plus influent et respecté est Mangaa al-dam, celui qui tranche pour les crimes de sang. De tels différends sont courants et souvent complexes”, précise Salem.

Il raconte qu’à l’âge de dix ans, il assistait déjà à tous les conseils que présidait son oncle lui-même. Et c’est à 24 ans qu’il a été nommé à la tête de ce conseil tribal. Aujourd’hui, il est en train de préparer son fils à la relève. “Il faut être autoritaire et respecté au sein de la tribu pour exercer une telle responsabilité. C’est une fonction qui ne se transmet pas de père en fils. Il faut avoir les compétences pour l’assumer. En principe les jeunes sont obligés d’assister à tous les conseils tribaux et c’est ainsi que l’on remarque les plus talentueux”, poursuit Salem. Cette juridiction existe dans la tribu Al-Howaitat, mais aussi dans la vingtaine d’autres tribus égyptiennes. Le rôle du Keffieh

Le moment du déjeuner casse un peu cette atmosphère électrique. D’énormes plateaux en aluminium sont posés parterre et de petits groupes se forment en cercle autour du repas composé de riz et de viande de mouton. La coutume exige en effet que le propriétaire de la madiafa fasse honneur à ses hôtes avant d’ouvrir la séance.

Le différend remonte à quelques mois. Le clan Al-Dobour a inventé une histoire de toutes pièces pour ne plus verser le loyer d’une parcelle mise louée par le clan Al-Ghannamine. “Le litige en question n’est qu’un prétexte. C’est plutôt le comportement ignoble des uns envers les autres qui est l’origine de ce conflit. Il fallait convoquer ce tribunal afin de prendre les mesures adéquates à ce genre de situation”, poursuit Ibrahim Rafie, qui souligne que la police n’ignore pas que ce conseil tribal existe et qu’il régit ses propres lois. Elle en respecte les rudiments, et y recourt parfois pour mettre fin à des situations conflictuelles et profite même de son expérience et de son influence.

Le déjeuner terminé, le tribunal se met en place. Le juge s’installe au centre. En face de lui, les deux kobar (personnes déléguées par les belligérants). Les membres des deux partis en conflit prendront place à sa gauche et droite. “Durant la période de trêve, un notable est nommé par chaque clan, il sert de porte-parole aux groupes en discorde. Peu importe l’âge de cet individu, il doit surtout se montrer éloquent, prouver son érudition en matière de lois pour gagner la confiance de toute l’assistance”, explique Fakhrallah, émissaire du clan d’Al-Ghannamine.

Au début de la séance, les émissaires des deux clans commencent par verser Al-Rozga, une somme d’argent qui varie entre 1.000 et 10.000 L.E. C’est au juge de décider du montant à verser suivant l’importance du litige. Il gardera cet argent pour les frais de l’enquête et ses honoraires. Puis, calmement, Fakhrallah commence par exposer le point de vue de son clan. Il est le seul à avoir droit à la parole et personne ne viendra l’interrompre. “Je représente ce clan depuis des années. Par mon expérience, j’ai appris à être plus explicite dans mon discours et en même temps très persuasif pour arriver à convaincre le juge des arguments que j’avance”, rétorque-t-il. Ce dernier évoque chaque détail de l’affaire, et par moment, il étale le bas de son keffieh par terre, en signe de bonne intention, et forme un nœud sur celui du juge ou l’un des membres de l’auditoire pour attester de sa bonne foi. Femmes prises à partie

Pendant ce temps, des jeunes ne cessent d’aller et venir. Ils servent du thé à l’assistance et vident les cendriers. Bien entendu, les narguilés sont omniprésents et font le tour de la salle. En exposant les faits, Fakhrallah n’oublie pas de mentionner que certaines personnes du clan Al-Dobour ont roué de coups un des membres de Ghannamine. A ce moment précis, le juge veut s’assurer de la véracité des faits. Il vérifie la tête de la victime et mesure la cicatrice à l’aide de ses doigts. “C’est selon le nombre de doigts que je détermine la somme à verser. Chaque doigt est évalué à un chameau, environ 2.000 L.E., selon le prix actuel de l’anima”, explique Salem, dont les 4 doigts de la main ont couvert la cicatrice. La victime présente aussi une blessure à l’orteil. Après ce constat, Fakhrallah poursuit sa plaidoirie en révélant que certains membres d’Al-Dobour ont endommagé dix de leurs voitures et ont tenté de forcer la porte de son domicile.

A ce moment précis, le juge se retire avec les émissaires et quelques membres notables de chaque clan. Ils doivent se concerter pour se mettre d’accord sur la sentence à infliger au clan Al-Dobour. Après dix minutes de délibération, le juge revient mais ne prononce aucun verdict, il préfère écouter l’autre parti avant de se prononcer. Attiya l’émissaire du clan Al-Dobour s’acharne à défendre les siens. Il rapporte aussi que les membres de Ghannamine ont tailladé les crânes de deux personnes, et ont causé à une troisième de graves blessures à la jambe. Là, Salem vérifie de nouveau les faits en mesurant les traces de cicatrices. Il note ses observations sur un bout de papier. C’est en révélant le reste de l’histoire qu’Attiya gagnera la sympathie du public. Il confie que les Ghannamine ont effarouché et barré la route aux femmes d’Al-Dobour avec leurs voitures.

Des voix s’élèvent dans son camp alors pour manifester leur mécontentement en lançant des regards plein de répugnance vers le clan Ghannamine. “Nous les bédouins, on peut tout pardonner, mais quand on intimide ou agresse nos femmes, rien ne va plus. Ils doivent payer le prix pour les avoir tant terrifiées. Ainsi sont nos coutumes”, ajoute Attiya. Il se lève et tente de rappeler à l’ordre les membres de son clan leur signifiant que le juge risquerait de leur infliger des peines plus lourdes, s’ils ne se calment pas. Selon lui, la séance doit se passer dans le silence et le respe, sinon le juge peut décider de son annulation ou sanctionner sévèrement un des clans. Salem et ses assistants demandent un moment de pause pour se concerter afin de décider du verdict. Drapeau noir

Tout le monde est tendu. Une fumée opaque a envahi l’enceinte, stagnante comme un brouillard. Un silence de mort règne dans la salle, troublé de temps à autre par les sonneries des téléphones mobiles. Au bout du fil, des proches qui s’inquiètent et veulent s’enquérir du bon déroulement de la séance. Le moment de délibération a pris fin. Salem revient, prend place au milieu de l’assistance et prononce sa sentence. Le clan Al-Ghannamine est condamné à verser 17.600 L.E. aux Dobour. Ces derniers, à leur tour, devront verser 21.000 L.E. aux Ghannamine. Des sommes qui serviront à réparer les dommages occasionnés par les deux clans. Deuxièmement, il ordonne aux deux clans d’annuler les procès intentés auprès de la police au risque que chacun soit soumis à une amende de 10.000 L.E. pour avoir violé les principes de cette tribu. Troisièmement, 5 personnes doivent se porter garantes auprès des belligérants que la sentence soit respectée.

Tous approuvent la décision de Salem, sauf une personne qui semble être en désaccord avec lui. “Bien entendu personne n’a raconté de mensonges. On préfère éviter de faire jurer les belligérants par crainte que quelqu’un ne soit pas très sûr de ce qu’il avance et se trouve obligé d’en arriver là”, dit Fakhrallah. Il ajoute que suivant les mœurs de la tribu, le fait de jurer sur le Livre Saint entraîne une malédiction pouvant s’étendre aux générations suivantes.

La séance est terminée, et tout le monde se lève. De petits groupes se forment pour décider de la façon dont chaque clan pourrait rassembler l’argent. “Il faut ramasser la somme avant le délai imposé par le juge, sinon un drapeau noir sur lequel sont portés les noms des personnes qui n’ont pas respecté les règles de la tribu est érigé. Une telle situation porterait atteinte à l’honneur de tout le clan et pour l’éternité”, confie Rafie.

Enfin la tension retombe, et les sourires se dessinent sur les visages. Chacun remercie Dieu car le procès n’a pas pris trop de temps. D’après Ibrahim Rafie, certaines séances durent jusqu’au lendemain, et avec le risque que les partis en conflit rejettent le jugement prononcé à leur égard. Dans ce cas, le procès est reporté pour être arbitré par un deuxième, et parfois même un troisième juge. En quittant la madiafa, les membres des deux clans se sont mêlés à la foule. Ils se parlent comme si aucun différend ne les avait jamais opposés. La source: Al Ahram Hebdo, Egypte, hebdomadaire. Une publication du groupe Al Ahram destinée aux francophones.

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