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lunes, mayo 6, 2024

Le monde arabe loin du compte

SociedadLe monde arabe loin du compte

Le monde arabe loin du compte

Une étude de 2005 effectuée par la Ligue arabe met l’accent sur les plus grands défis à relever dans la région en matière de population

Par Dina Darwich

«Les objectifs des politiques démographiques font partie intégrante du développement social, économique et culturel ayant pour but d’améliorer les conditions de vie de la population». Telle était la principale recommandation de la Conférence internationale de la population et du développement tenue au Caire en 1994. Et, bien que les deux conférences suivantes (à Beyrouth en 1999 et 2004) aient eu pour but d’atteindre le même objectif, le monde arabe doit aujourd’hui faire face à de véritables défis dans le domaine de la démographie. «La démographie galopante, la condition de la femme et de la jeunesse, le dossier de l’émigration arabe sont les problèmes cruciaux auxquels doit faire face le monde arabe», explique Khaled Al-Wéheishi, directeur du département de politique de population et de l’émigration à la Ligue arabe. Une récente étude effectuée en 2005 par la Ligue arabe indique que le taux de croissance démographique annuel dans le monde arabe a dépassé les 3%. Un chiffre record au niveau mondial. Ce taux ne dépasse pas les 2% dans les pays européens, mais varie suivant chaque pays arabe. Alors que le taux de croissance démographique au Liban et en Tunisie est proche des 2% comme en Europe, il dépasse les 5,7% au Yémen. Cependant, il est de 3,4% dans des pays comme le Maroc et l’Egypte. Un chiffre relativement moyen par rapport au monde arabe.

Une simple observation permet d’affirmer que cette croissance démographique est liée aux conditions de la femme dans le monde arabe. Le taux d’analphabétisme des femmes arabes dépasse les 52%. Cette vérité est encore plus évidente au regard de leurs conditions de vie. En Tunisie, grâce aux efforts déployés dans le domaine de la prévention, la Tunisienne semble être la plus consciente de l’usage des contraceptifs. Environ 65% des femmes tunisiennes (quel que soit leur milieu social) utilisent des moyens de contraception.

La croissance démographique est liée aux conditions économiques du monde arabe où la pauvreté domine. D’après les chiffres de la Ligue arabe, le revenu de plus de 25% de la population arabe (environ 280 millions de personnes) ne dépasse pas un dollar par jour. «Dans les sociétés pauvres, les enfants représentent pour la famille une source de revenus et donc un moyen d’améliorer les conditions de vie. Ces derniers sont envoyés très jeunes sur le marché du travail», assure le sociologue Ali Fahmi. «Sans les maigres salaires de mes enfants, j’aurai du mal à joindre les deux bouts. L’atelier où je travaille ne fonctionne qu’un jour sur dix en cette période de crise économique», assure Mahmoud, 50 ans, menuisier et père de trois enfants. Ce dernier pense sérieusement se remarier pour avoir plus d’enfants. Une sorte d’assurance matérielle pour cet homme, le jour où il sera à la retraite.

Les femmes, premières victimes

Mais avec une telle croissance démographique due aux conditions de vie difficiles et à la pauvreté, il est certain que la femme est la première victime. «Le taux de mortalité des femmes en couches ou pendant la grossesse est la seconde cause du manque de développement», estime Al-Wéheishi. Toujours selon les chiffres de la Ligue arabe, presque 13 000 femmes arabes meurent chaque année au moment de leur grossesse ou de leur accouchement par manque de suivi ou de soins appropriés. Selon une autre étude démographique sur la santé de la famille arabe effectuée par la Ligue arabe (le projet PAFAM), le taux de mortalité des femmes reste encore élevé en Iraq, en Egypte et au Maroc. Et ce taux a atteint son apogée au Soudan, au Yémen et en Somalie. A partir d’une base de 100 000 femmes par pays, on peut dire que 1 600 meurent en Somalie, 1 500 au Soudan et 850 au Yémen. En Egypte, ce chiffre est en baisse. Il est passé de 174 à 84 cas de 1992 à 2000. Des chiffres encore trop élevés par rapport à la moyenne dans les pays occidentaux. « Il y a une grande différence entre ce chiffre dans ces pays et dans d’autres qui consacrent un grand budget pour la santé de la femme et tentent de déployer des efforts pour réduire le fossé qui existe entre l’homme et la femme dans le domaine de l’éducation », avance Al-Wéheishi. Au Koweït, aux Emirats et en Libye, le taux de mortalité des femmes ne dépasse pas les 6 pour 100 000.

Mais ce n’est pas tout. Les facteurs internes (croissance démographique et mortalité) ne sont pas les seuls défis auxquels doit faire face le monde arabe pour réaliser le développement exigé par l’Onu avant 2015. Il y a aussi d’autres facteurs externes comme la globalisation. Face à la pauvreté, aux conflits et aux conditions socioéconomiques difficiles dans certains pays, l’émigration reste parfois la seule bouée de sauvetage Une psychose anti-émigré

«L’émigration est le troisième défi auquel doit faire face le monde arabe», avance Al-Wéheishi. Selon lui, les facteurs de restriction du flux migratoire s’accélèrent avec l’impact de la globalisation et particulièrement la libéralisation et les implications des pays arabes. L’argent transféré par ces émigrés dans les années 1970, 80 et 90 a été bénéfique pour l’économie nationale. Ces capitaux ont même servi à alimenter plusieurs banques à l’échelle locale. D’ailleurs, des milliers de ménages plus ou moins modestes ont utilisé ces sources de revenus pour améliorer leurs conditions de vie. «Ces capitaux ont servi à redynamiser l’économie locale», confie-t-il. Le problème est qu’aujourd’hui, un blocage perdure. D’une part, l’Europe a fermé ses frontières suite à la mutation économique, au chômage et aux conditions socioéconomiques difficiles. «Aujourd’hui, ce continent passe par une psychose anti-émigré. Et ces facteurs ont poussé les gouvernements à freiner l’immigration arabe», analyse un chercheur à la Ligue arabe. D’autre part, les pays du Golfe qui, autrefois recevaient un flux migratoire important, ont fermé leurs frontières à cause de certaines difficultés (guerre, chute du prix du pétrole). Ils ont réduit leur demande de main-d’œuvre en provenance des pays arabes. Alors qu’en 1975, le taux de main-d’œuvre provenant des pays arabes dans les pays du Golfe atteignait 75 % de la main-d’œuvre étrangère, il ne dépasse pas les 19 % actuellement. De plus, cette main-d’œuvre accepte aujourd’hui de travailler dans des conditions beaucoup plus difficiles. Karima, 60 ans, dentiste qui a passé 30 ans en Arabie saoudite, assure qu’elle a vécu l’âge d’or des pays du Golfe. Elle confie que le médecin égyptien était très respecté dans ce pays qui manquait de spécialistes. Son salaire était conséquent. Aujourd’hui, ces pays préfèrent une main-d’œuvre venant d’Asie qui est meilleur marché. Et cela sans oublier de citer les humiliations que subissent parfois les Egyptiens qui travaillent encore là-bas. «L’avenir de l’émigration sera une priorité, un défi très important dans le projet d’action de la Conférence internationale de la population et du développement, afin de garantir un flux migratoire plus humain respectant le droit des personnes à se déplacer librement comme le mentionne la charte des droits de l’homme», ajoute Al-Wéheishi.

Reste un quatrième et dernier point qui pourrait s’avérer être une force. Les jeunes forment aujourd’hui 60% de la population dans le monde arabe. La période actuelle s’appelle la «fenêtre arabe», autrement dit le «cadeau démographique». La population active est la plus importante tandis que les enfants et les personnes âgées sont minoritaires. «Une occasion à ne pas rater, car le taux de fécondité est en train de baisser. Il semble que les Tigres asiatiques ont réalisé 33 % de leur croissance économique grâce à une pareille fenêtre. Un miracle dont le monde arabe devrait tenir compte, on ne doit pas rester les bras croisés face à ce beau cadeau», conclut Al-Wéheishi.

La source: Al Ahram Hebdo, Egypte, hebdomadaire. Une publication du groupe Al Ahram destinée aux francophones.

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