Succession ouverte à Tel-Aviv
Par Kharroubi Habib
Depuis son admission, en fin de semaine, à l’hôpital «Hadassah» d’El-Qods, le Premier ministre israélien Ariel Sharon est plongé dans un coma profond. Ses médecins traitants ont préparé leur opinion nationale à la probabilité d’une issue fatale. L’avertissant, par ailleurs, que même en cas d’évolution favorable pour la santé de leur patient, il lui sera, de toute façon, impossible de reprendre ses activités politiques et gouvernementales.
C’est par conséquent le problème de la succession de Sharon qui est posé en Israël dans un contexte de flou politique dont le Premier ministre empêché a été incontestablement le maître d’oeuvre avec son initiative de création d’une nouvelle formation politique «Kadima». Cette nouvelle formation avec Sharon à sa tête, était jusqu’à l’accident de santé de ce dernier, donnée favorite par les sondages aux élections législatives de mars prochain. Pour nombre de politologues et d’observateurs de la scène politique israélienne, cette perspective risque d’être remise en cause, car sans la présence de son leader charismatique, «Kadima» n’est plus assurée de dépasser, voire même de faire jeu égal avec les deux autres partis: le Travailliste et le Likoud. Avec la création de «Kadima» Ariel Sharon a cherché à s’affranchir de la tutelle du Likoud qui traînait visiblement à cautionner et soutenir la stratégie conçue par lui pour mettre un terme au conflit palestinien. Il est faux cependant d’affirmer que Sharon et son nouveau parti «Kadima» incarnent le camp de la paix et que c’est par leur vision de paix qu’ils s’opposent aux «faucons» du Likoud regroupés autour de Benyamin Natanyaou, leur nouveau secrétaire général.
Pour les Palestiniens, la disparition ou l’effacement de Sharon n’annonce pas nécessairement une situation moins dramatique que celle qu’ils ont eu à connaître avec lui. Les héritiers de Sharon et leurs rivaux de tous bords de la scène politique israélienne sont d’accord au moins sur un point: celui de ne pas satisfaire les revendications nationales palestiniennes, en tout cas pas dans les perspectives défendues par l’autorité et le peuple palestiniens. Pourquoi se taire? Les Palestiniens et avec eux tous les Arabes ne s’attristeront pas de la disparition de Sharon. Les mains de l’homme ont trop été entachées du sang de leurs frères, sa haine inexpugnable contre ce qu’ils sont, leur culture et leur civilisation, font qu’ils ne peuvent ressentir aucune compassion à l’égard de sa souffrance. C’est leur mentir et vouloir encore et toujours les flouer comme l’a fait George Bush de présenter Sharon comme un faucon devenu par la grâce d’en ne sait quoi, un apôtre de la paix. Ariel Sharon n’a jamais changé, il a été et restera jusqu’à sa fin, l’impitoyable ennemi des Palestiniens et de leur cause nationale. Que pour des raisons de diplomatie leurs dirigeants expriment de tout autres propos en la circonstance, cela n’est pas et ne peut pas être représentatif du véritable sentiment qu’inspire Sharon aux Palestiniens.
La source: Le Quotidien d’Oran (Oran, Algerie).