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jueves, mayo 9, 2024

“Le Mali doit sortir de la dépendance”

Política"Le Mali doit sortir de la dépendance"

“Le Mali doit sortir de la dépendance”

Par sa stabilité politique, ses ressources naturelles et son histoire impériale millénaire, le Mali bénéficie d’une aura de prestige parmi les pays d’Afrique. Une réputation qui masque parfois le dénuement extrême du peuple malien -le pays est situé au troisième rang des pays les plus pauvres du monde. Général d’armée, putschiste en 1991, Amadou Toumani Touré pourrait être le seul candidat à la présidentielle capable d’affronter les questions de développement. Par Arnaud Robert

“La main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit.” Le proverbe malien revient souvent dans la bouche du général Amadou Toumani Touré, meneur du putsch contre le dictateur Moussa Traoré en 1991. En utilisant la formule, le militaire vise l’aide internationale, le Fonds monétaire ou la Banque mondiale. Mais ce matin-là, dans la cour de sa Fondation pour l’enfance à Bamako, c’est lui qui distribue aux associations de femmes du pays des machines à coudre et des chèques. Depuis quelques semaines, la question occupe régulièrement la une de la presse nationale du Mali: en avril 2002, lors de la prochaine élection présidentielle, Amadou Toumani Touré sera-t-il candidat? Tout porte à le croire. Un récent numéro de l’hebdomadaire Jeune Afrique/L’Intelligent, souvent bien introduit dans les milieux politiques du continent, fait même d’ATT le favori de la présidentielle.

Depuis dix ans, pourtant, depuis son putsch militaire, ATT s’était soigneusement retiré du jeu politique malien. Au soir du 26 mars 1991, jour de la révolution, le général avait promis de rendre le pouvoir après une année de transition démocratique. Et, cas pratiquement unique pour un militaire en Afrique, il avait respecté sa parole. ATT, chef d’Etat retraité au charisme rare, consacre depuis lors l’essentiel de ses efforts à la lutte contre la pauvreté, au sein de sa fondation. Parmi les candidats potentiels à l’élection, il apparaît comme celui qui connaît le mieux, et de l’intérieur, les questions de développement. Pour lui, la solution tient en un changement profond de mentalité: “Beaucoup de Maliens pensent que toutes les tares sont du côté du FMI et de la Banque mondiale. Il y a, en Afrique, une posture de la dépendance et un complexe énorme qui suscite de la haine envers ceux qui donnent. S’il y a des sanctions des institutions financières, c’est souvent que nous l’avons mérité. Nous nous devons d’être irréprochables. Les ONG vont assister encore longtemps le Mali, je m’aperçois que, de plus en plus, certains de mes compatriotes essaient de repenser le développement comme un projet collectif.” En boubou bleu roi, assis dans le bureau bamakois de sa Fondation, ATT parle entouré de portraits souvenirs: le général et Ronald Reagan, le général et Khadafi, le général en portrait officiel avec uniforme et béret rouge. A 53 ans, ATT se présente en sauveur in extremis de la future élection: “Si je vois qu’il n’y a pas de candidats suffisamment compétents, je me présente. Cette attente n’est pas une stratégie. Pendant l’année de transition, lorsque j’étais président, je me suis fait beaucoup de cheveux blancs. Diriger un pays comme le Mali n’est pas une promenade de santé et je ne suis pas un ambitieux.” Si ATT se présente, il devra affronter une situation nationale radicalement transformée depuis le putsch de 1991. Les attentes suscitées par la révolution n’ont, de loin pas, toutes été comblées. Le Mali est l’un des cinq pays les plus pauvres du monde, l’administration reste pléthorique et corrompue et les ressources du pays (coton, or) ne suffisent pas à rembourser une dette colossale. Pour être élu, ATT misera sans doute sur sa connaissance du pays -il arpente le Mali du nord au sud depuis dix ans-, sur sa légitimité face aux bailleurs de fonds internationaux et sur ses activités au sein des ONG pour convaincre l’opinion publique: “Vous savez, même lorsque j’étais président, je ne visitais pas les villages pour entendre le son des flûtes et des tam-tams. Depuis que je sillonne les régions dans le cadre de la Fondation pour l’enfance, j’ai pu constater les vrais défis pour l’avenir du pays. J’ai d’abord vu qu’il existe une fierté malienne. Ici, les gens n’accepteraient jamais de voir se développer les bidonvilles que j’ai aperçus à Johannesburg.” Pas vraiment dupe sur la marge de manœuvre d’un président africain face aux exigences des bailleurs de fonds occidentaux, ATT estime pourtant qu’il serait plus efficace à la tête de l’Etat: “Etre président, c’est stratégique. On est au début de la décision et, surtout, à la fin. Je me suis aperçu au fil des ans que le développement n’est pas une leçon d’altruisme. Il y a, en Europe, des intérêts politiques énormes à poser les conditions du développement africain. Il faut maintenant, dans notre continent, des interlocuteurs valables pour les organisations internationales.” Dans un pays dont le système éducatif est en lambeaux, le problème des ressources humaines se pose presque quotidiennement. L’enjeu, pour ATT, n’est pas d’abord lié à l’importance des transferts de fonds mais à la capacité des Maliens de les absorber et de les mobiliser: “Nous souffrons de notre manque d’expertise. Nous sommes incapables d’utiliser plus de 40% des fonds qui nous sont alloués pour le développement. Et la fuite des cerveaux n’arrange rien.” Promis à un avenir de médiateur international, ATT a d’ailleurs refusé une bourse à l’Université de Harvard: “J’aurais eu l’impression de déserter.”

Régulièrement mandaté pour des missions de l’ONU dans la région des Grands Lacs, ami des présidents d’Afrique qu’il ne cesse de rencontrer, conseiller officieux du président malien Alpha Oumar Konaré, ATT cultive son image d’africaniste discret -il est, avec Khadafi, un partisan fervent de l’Organisation de l’unité africaine- sans risquer son image dans la tourmente de la politique malienne. Il appelle pourtant au forum national quant à la question de l’éducation: “Nous ne pouvons plus abandonner le politique aux politiciens. Je me refuse d’ailleurs à appartenir à un parti. Pour se battre, les Maliens doivent se sentir impliqués dans le processus démocratique. Quel genre d’éducation pour le siècle nouveau? Qu’est-ce que nos enfants attendent de nous? Ce sont des questions que l’on doit poser. On ne peut pas continuer à infantiliser le peuple et le laisser à l’écart des challenges qui le concernent.” Le président Konaré, enseignant lui-même, n’a pas osé s’attaquer à la question de l’éducation, il a misé sur un projet de décentralisation radical que nombre d’ONG, dont Helvetas, ont suivi. Pour ATT, ce projet est prématuré: “Evidemment, si l’on dit à un représentant d’ONG européen que les Etats africains veulent entamer une décentralisation, cela résonne en lui parce que les pays du Nord connaissent actuellement le même processus. Il ne faut pas se leurrer: la référence unique des pays coopérants, ce sont eux-mêmes. La décentralisation se vend donc bien, mais nous nous apercevons que nous n’avons pas les capacités de réaliser cette ambition. En quelques mois, le pays est passé de 19 à 701 communes. Sans renforcement des capacités préalable, c’est absurde.” Bien sûr, ATT préconise l’annulation de la dette, il prône le rassemblement des pays africains (“La solution sera sous-régionale ou ne sera pas. Je suis partisan de ce rêve africaniste. Malgré les rires des pays industrialisés”), il sait aussi qu’un président en Afrique est un équilibriste, que l’enjeu pour ce siècle est de rester indépendant sans perdre le soutien indispensable des pays du Nord. “Les organisations internationales ont inventé un joli mot: conditionnalité”, affirme Gaoussou Drabo, analyste politique au quotidien L’Essor. Si ATT est élu, il devra d’abord affirmer ses doutes par rapport aux conditions d’aide qui sont, pour lui, “des séquelles du paternalisme colonial. C’est aujourd’hui à nous de décider. Nous savons ce que nous voulons et les pays occidentaux nous donnent ce qu’ils veulent.” Mais de la déclaration d’intention à la prise de position ferme, il y a encore un fossé. Aussi grand que celui qui sépare le Nord du Sud.

La source: Le Temps se veut premier quotidien de Suisse romande, organe d’information d’envergure internationale et plate-forme de débat pour l’avenir du “modèle suisse” (www.letemps.ch)

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