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L’horloger d’Alexandrie

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L’horloger d’Alexandrie

Il est le premier à avoir exprimé l’idée de rebâtir l’ancienne Bibliothèque d’Alexandrie en 1972, un rêve mythologique en quelque sorte. Moustapha Al-Abbady, professeur d’Histoire de l’Egypte gréco-romaine à l’Université d’Alexandrie, a pourtant toujours pensé l’histoire de sa ville dans ses détails les plus terre-à-terre.

Par Hayssam Khachaba Il semble sortir tout droit d’une nouvelle de Borgès, dont les personnages se lancent à la recherche d’un ancien manuscrit, d’un appareil pour mesurer le temps, du sens d’un mot ou d’une légende écrite dans une langue morte. Son bureau et sa maison, situés dans la même rue que la Bibliothèque d’Alexandrie, rappellent aussi cette atmosphère borgésienne. Le grand balcon laisse entrevoir une mer incandescente, même si l’on est assis sur le canapé au beau milieu de la pièce. Celle-ci est si vaste que lorsque son centre baigne dans la lumière du jour, le grand bureau anglais et les étagères de la bibliothèque restent plongées dans la pénombre.

Moustapha Al-Abbady vient de rentrer de Belgique où il a donné une conférence sur la traduction des textes de science des Anciens Egyptiens en langue grecque. Il a trouvé un papyrus, traduit en grec, qui explique comment un savant égyptien -du nom d’Amnemphat- a créé au seizième siècle avant Jésus Christ un appareil pour mesurer le temps pendant la nuit, ce qui est plus difficile. Le papyrus donne des explications très détaillées sur cette machine. “On peut voir l’appareil au premier étage du Musée égyptien, tu prends l’escalier de droite”. Il s’emporte: “On en a exposé une copie très modeste à la Bibliothèque d’Alexandrie”.

Tout dans son bureau est empreint de sobriété

Agé de 78 ans, Abbady a gardé une tenue impeccable et une grande agilité dans ses mouvements. Cette impression s’accentue quand on l’observe se déplacer dans son grand appartement (où il vit maintenant tout seul), habillé comme tout un chacun: un t-shirt blanc, un pantalon en coton bleu et des mocassins. Son esprit reste aussi très éveillé. Le gonflement de ses arcades sourcilières trahit certes une certaine fatigue. Celle du chercheur infatigable, d’un homme qui a consacré près de soixante années aux papyrus et aux fouilles archéologiques. L’isolement et la sobriété qu’implique ce travail ont implacablement marqué le personnage. Il n’aime pas être interrompu et pourrait même se montrer un peu agressif dans ce cas. Il est dans un univers qui ressemble à celui d’un sculpteur.

Mais la sobriété de son esprit n’est pas seulement due à sa perpétuelle recherche de précision dans ses travaux. Elle est inhérente à sa nature et marque tout son être.

Bien que sa famille soit originaire d’Alexandrie, Abbady est né au Caire sur l’île de Roda. Son père, un personnage qui semble avoir joué un grand rôle dans sa formation et dans ses orientations, était envoyé à la capitale pour enseigner à l’université l’Histoire islamique. A Roda, le jeune Abbady a passé une enfance heureuse mais il garde surtout beaucoup de souvenirs du Nil. “La saison de crue était un événement magnifique. L’eau coulait dans les rues et elle remplissait les caves. Nous enlevions les portes de nos chambres et nous les utilisions comme des barques!”.

C’est à cette même époque, alors qu’il est encore très jeune que Moustapha découvre le monde d’Homère et des grands poètes grecs à travers les traductions de Driny Khachaba et de Boutros Al-Boustani. Ce monde enflammait son imagination. Son père, un homme de la génération de Taha Hussein qui avait fondé le département des études gréco-romaines au Caire, lui expliquait l’importance de la pensée et de la langue grecques pour l’Histoire, surtout en Egypte. “Aucune écriture arabe ne nous est parvenue sur l’histoire du premier siècle de l’islam par des écrivains contemporains de cette époque. Toutes nos références proviennent des historiens hellénistes ou byzantins écrivant à l’époque en grec ou en latin. Mon père m’a ainsi encouragé à entrer à la faculté d’Histoire ancienne et à me spécialiser en Histoire gréco-romaine”.

Après avoir brillamment obtenu la licence, il a été choisi pour une bourse à l’Université de Cambridge. “Là-bas, j’ai découvert la futilité de ce que j’avais appris en Egypte”. De tempérament très méditerranéen, Abbady décida sur un coup de tête de recommencer sa licence. Heureusement son professeur l’en empêcha et lui proposa de passer un an à Cambridge avant de faire son doctorat et de lui fournir des professeurs pour étudier les langues grecque et latine. “Je travaillais seize heures par jour jusqu’à ce que j’aie maîtrisé les deux langues”.

Le sujet qu’il choisit pour son doctorat assouvissait son penchant pour les réalités concrètes et comblait en même temps une lacune dans l’histoire de l’islam en Egypte. C’était une étude sur Alexandrie et son influence sociale et économique sur l’Egypte depuis sa fondation jusqu’à la conquête arabe. “Alexandrie était le plus grand port du monde ancien. C’était elle qui contrôlait le commerce de l’océan Indien jusqu’à la Méditerranée. L’Egypte était le plus grand exportateur de blé et d’outils, de plus, elle monopolisait le commerce du papier”.

Ces vérités ne sont pas des découvertes faites par Abbady, mais en entrant dans les détails du système des impôts, de l’irrigation et de la structure sociale et politique de l’Alexandrie gréco-romaine et arabe, il a fait quelques découvertes qui ont enrichi et parfois changé les connaissances des spécialistes surtout sur la période du premier siècle de la conquête arabe d’Egypte, lorsque l’identité du pays n’était pas encore influencée par les Arabes. Dans une étude qu’il a faite en 1972 sur la capitation que l’Egypte payait aux Arabes durant les premières années de la conquête, Abbady a contribué à une remise en cause de l’économie égyptienne durant et avant cette période d’après une étude comparée entre les unités de mesures romaines et les chiffres cités par des historiens arabes qui paraissent vagues et contradictoires. Cette confusion entre les deux identités arabe et romaine se reflétaient sur les unités de mesure, à tous les niveaux. Durant tout le premier siècle de la conquête arabe de l’Egypte, les services administratifs de l’Etat utilisait la langue grecque, et plus tard des papyrus ont été écrits dans les deux langues, grec et arabe. “Parmi ces derniers, l’un explique le nom de l’ancienne capitale des Arabes en Egypte, Al-Fostat. En arabe, cela signifie une tente et la légende la lie à la tente d’Amr Ibn Al-Ass, le conquérant arabe. Il s’agit d’une lettre envoyée au calife à Médine où le nom de Fostat est traduit en Fostaton qui désigne en latin un camp militaire entouré par une fosse”.

Le vaste monde des manuscrits anciens semble avoir séduit ce sobre savant alexandrin et c’est vers le début des années 1970 qu’il s’est orienté vers l’histoire des sciences et des techniques, un domaine qu’il continue à explorer jusqu’à aujourd’hui et dont la traduction des sciences égyptiennes en grec est la face la plus créatrice. Elle montre également l’impact qu’a exercé l’Egypte Ancienne sur la civilisation grecque. C’est avec cet intérêt croissant pour la science technique qu’Abbady a commencé à exposer son idée de rebâtir l’ancienne Bibliothèque d’Alexandrie et de faire des tournée pour promouvoir l’idée dans les grandes bibliothèques du monde et dans les instituts de recherches. “Si l’opinion internationale s’est intéressée au projet de faire revivre la Bibliothèque d’Alexandrie, c’est parce qu’elle était la première à avoir l’ambition de s’ouvrir sur des cultures différentes. La Bibliothèque d’Alexandrie n’était ni la première ni la plus grande. On a trouvé des bibliothèques en Egypte Ancienne, à Babylone et en Phénicie mais elles étaient toutes de caractère national. A la Bibliothèque d’Alexandrie il y avait des livres indiens, perses, arabes, phéniciens, grecs et latins”.

Mais quand Moustapha Al-Abbady a la première fois appelé à la reconstruction de la bibliothèque en 1972 il s’est adressé aux responsables et aux professeurs de l’Université d’Alexandrie en disant que c’était une honte que l’université n’ait pas de bibliothèque qui lui soit propre, alors qu’elle était l’héritière de la Bibliotheca Alexandrina! Pour Abbady, ce n’était donc pas au début le rêve romantique du retour à un âge d’or, Abbady semble être malgré tout la dernière personne à avoir une idée sans qu’elle ne se base sur une dure réalité. “Maintenant que l’ouverture de la bibliothèque approche, j’espère qu’elle sera un centre de recherches culturelles et scientifiques qui regroupe les efforts des chercheurs et des savants du Moyen-Orient et de l’Afrique, en essayant de s’ouvrir sur les réalisations des Etats-Unis et de l’Europe… Alexandrie n’est plus la capitale du monde”.

En attendant, Abbady garde le même rythme de travail intensif, il passe son temps entre la société des antiquités à Alexandrie dont il est le président et l’université, où il supervise des magistères et des doctorats. Maintenant grand-père, il garde malgré son air sérieux et sa discrétion la vivacité et l’élégance d’un ancien sportif. Il est totalement indifférent à la solitude dans laquelle il se trouve dans son grand appartement. Son fils aîné est professeur d’informatique aux Etats-Unis, sa fille est professeur de biochimie à Alexandrie. Abbady, lui, est totalement absorbé dans son univers, dont il possède seul la carte, avec ses détails sans cesse renouvelés.

La source: Al Ahram Hebdo, 10.000 ex., Egypte, hebdomadaire. Une publication du groupe Al Ahram destinée aux francophones. (www.ahram.org.eg/hebdo)

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