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domingo, abril 28, 2024

“En Afrique, on arrive au pouvoir la bouche vide… pour s’enrichir”

Cultura"En Afrique, on arrive au pouvoir la bouche vide... pour s’enrichir"

Lenrie Peters, écrivain gambien:

“En Afrique, on arrive au pouvoir la bouche vide… pour s’enrichir”

Par Djib Diedhiou

Une musique divine s’échappe de la maison située dans la banlieue de Banjul: la 6e Symphonie de Beethoven. Sur le perron, Lenrie Peters vous accueille et vous guide jusqu’au salon. Bela, la grosse chienne, vient renifler vos pieds tout en grondant, menaçante. Le mâle, Fabakary Bodiang, son compagnon, lui, se tient à l’écart, l’air indifférent. La maisonnée? Trois domestiques y sont seulement visibles en ce soir de décembre. Pas d’épouse, pas de rire clair d’enfant. Crinière et collier blancs accentuent les contours d’un visage massif. De prime abord, Lenrie Peters, écrivain gambien à la forte carrure, donne l’impression d’un homme bourru. Mais il est la douceur même.

Dès que la conversation s’engage, l’auteur de “Katchikali” et de “Satellites”, des recueils de poèmes, et de “The second round” (1965), roman dont le sujet est le retour d’un personnage au pays natal, le Dr Kawa (lui ressemblerait-il comme un frère?), le thème, celui du déracinement, vous parle d’une voix calme et rassurante. Toutes ses œuvres ont été publiées chez Heinemann, à Londres, dans la série “African writers series”. Cet ancien président, en Angleterre, de l’Union des étudiants africains, a été sensible aux événements du 10 avril 2001 au cours desquels des étudiants gambiens tombèrent sous les balles de la police. Il témoigna à travers un poème de circonstance, “I was there” (J’y étais), remplissant ainsi son devoir d’écrivain, de “poète (qui) en des jours impies / vient préparer des jours meilleurs”, selon Victor Hugo.

Aujourd’hui, il vous parle sans détour, surtout de sa naissance, le 1er septembre de 1932 à Banjul, à Hegan Street, non loin du siège de GAMTEL (la compagnie gambienne de télécommunications). De cette maison, où il vit à présent, après avoir quitté la demeure familiale. De ses études à Banjul et à Freetown, puis à l’université de Cambridge, en Angleterre (en 1952), pour la médecine. La musique fut en fait sa première vocation. Pendant des années, il avait été chanteur d’opéra. Mais comme l’Afrique avait plus besoin de médecins, il a effectué une formation de chirurgien et est rentré au pays. Il a servi deux années à Bansang Hospital. Son idée était de contribuer au développement de la chirurgie en Gambie.

Cependant, le gouvernement n’était pas préparé à cela. Ainsi, après deux ans, il partit pour l’Ouganda. Un poste de lecteur à l’école de médecine de Makerere très réputée à l’époque. Puis il est revenu s’établir à Banjul. Deux années de séjour. Il voulait repartir quand un ami, le Dr Samuel J. Partner, lui offrit de travailler avec lui dans sa clinique privée, à Westfield, dans la banlieue de Banjul. Il la dirige toujours.

-Cette passion que vous aviez pour la musique a-t-elle une certaine influence sur votre façon d’écrire?

-Ma mère (NDLR: Auntie Keziah Peters) jouait déjà du piano. Le samedi soir, à l’église, je faisais partie du chœur. J’avais donc une bonne base en musique. Mon père (NDLR: Pa Lenrie Peters Senior) fut élève à Foura Bay College, en Sierra Leone. Comme il avait perdu sa bourse, il ne put continuer sa formation. Il devait donc abandonner l’université et trouver du travail. C’est ainsi qu’il vint en Gambie. Dans notre maison, il y avait cette ambiance littéraire et musicale, de lecture de poèmes et de textes. Il y avait donc là un fonds que j’ai pu exploiter. Dans ma jeunesse, j’ai eu à participer à un concours de nouvelles organisé par le British Council, que j’ai remporté. Cela a été mon point de départ dans la littérature. Et à Cambridge, on m’appelait le petit génie (rire)”.

-Comment cela se reflète-t-il dans la conception et la structure de vos œuvres?

-Voyez-vous, “The second round”, le roman que j’ai écrit, est une œuvre très expérimentale. Je pensais que l’on devait essayer d’intégrer musique, dramaturgie et littérature. Je conçois le poème comme l’ouverture d’une symphonie. Il inclut tous les éléments du roman.

-Pouvez-vous nous parler davantage de votre père qui vous a inculqué le goût des arts et des lettres?

-Mon père était comptable dans une société d’import-export et également l’éditeur d’un journal, The Gambia Echo. Je ne pense pas que ce fut le premier journal gambien, mais il fut parmi les tout premiers. C’était une publication de six pages. Enfant, je voyais mon père très absorbé, le soir à la maison, par ses tâches éditoriales. C’est tout cela qui a été déterminant en ce qui concerne mon entrée dans la littérature.

-Et votre mère?

-Elle entra à l’école, très tôt, en Angleterre. Sa famille était aisée. Quand elle rentra au pays, elle rencontra mon père et l’épousa. Elle fut enseignante pendant plusieurs années. Elle était une femme très douce.

-Vos frères et sœurs?

-J’ai eu un frère et trois sœurs. L’une de ces dernières, Florence Mahoney, est historienne, une autre, Bijou, fut infirmière et est à présent journaliste. La troisième, la benjamine, Miss Ruby, servit à Dakar dans un organisme des Nations-Unies. Mon frère Alaba, aujourd’hui décédé, fut quant à lui comédien pour la scène, puis pour la télévision, en Angleterre et aux Etats-Unis.

-Quelle était l’atmosphère qui régnait dans cette famille?

-Ho! C’était une famille de la classe moyenne, très fermée, tranquille. La plus jeune de mes sœurs a grandi à Dakar. Elle n’est revenue en Gambie que pendant la seconde Guerre mondiale, en 1942. Elle est bilingue. Une autre fut la première fille gambienne à avoir effectué des études en Grande-Bretagne. Nous étions donc cinq enfants. Une famille très heureuse.

-Quelle incidence ce bonheur familial a-t-il eu sur votre œuvre poétique et littéraire, d’une manière générale?

-D’abord l’esprit de sacrifice. Mon père avait une forte détermination. Il tenait à ce que tous ses enfants aient une bonne éducation et une bonne formation scolaire et universitaire. Il avait ainsi renoncé à beaucoup de privilèges pour pouvoir atteindre ce but. A cause de sa surdité, il était dans un certain sens un individu isolé. Il était resté à l’écart de la politique. J’avais beaucoup d’admiration pour lui. C’était un homme qui connaissait ses classiques. Il avait étudié le Latin, le Grec et même l’Hébreu.

-Parmi les romanciers et poètes, y en a-t-il un qui vous ait influencé d’une manière ou d’une autre?

-Hé bien, nous appartenions à la première génération d’écrivains, Wole Soyinka, Chinua Achebe et les autres. Nous fûmes les premiers écrivains de l’Afrique de l’Ouest anglophone à être reconnus comme tels, et à être publiés à l’étranger. Nous n’avions pas de précurseurs que nous puissions imiter. L’influence que nous avons subie ne pouvait vraiment venir que de l’extérieur. J’avais lu des romans russes, européens, américains, grecs, toutes les littératures en somme. Parmi les écrivains américains, évidemment il y avait les œuvres de Langston Hughes et d’autres Africains Américains. Des Blancs aussi. Nous lisions tout ce qui nous tombait sous la main.

-Aviez-vous lu Césaire? Senghor?

-Naturellement ! Mon Français n’était pas assez bon. J’ai quand même subi leur influence. J’en savais un bout sur la Négritude.

-Et le mouvement panafricaniste?

-Oh! L’une de mes plus intimes convictions est que le Panafricanisme doit triompher. Mais cela doit se faire par la voie d’une fédération africaine, plutôt que par celle de l’unité africaine. C’est plus pragmatique, plus réaliste et c’est cela qui nous permettra de vivre et de nous affirmer parmi les autres nations du monde. J’estime également que nous devons commencer par des regroupements par région: l’Ouest, l’Est, le Centre, le Sud et le Nord. Des blocs qui s’intégreront plus tard.

-Vous adhérez donc à l’idée de Senghor: l’union par cercles concentriques?

-En effet. Mais je pense que nous devons admettre qu’il y a des groupes distincts: les Africains de l’Ouest, ceux de l’Est, du Centre, du Sud et les Arabes. C’est après qu’ils pourront s’unir. Mais je ne pense pas que l’Union africaine, telle qu’imaginée actuellement, puisse se réaliser.

-Vous ne vous investissez pourtant pas dans la politique. Et chez vous, il n’y a pas cette option pour la poésie de l’action. Pourquoi?

-Dans certains de mes poèmes, j’évoque les questions de politique africaine. Vous savez au début de mon premier recueil, il y a ce long poème sur le comportement des hommes politiques africains. Cependant, je ne suis pas un écrivain politique déclaré. Néanmoins, en Gambie je me suis engagé dans la politique, dans une certaine mesure. Ainsi, à l’avènement de l’actuel pouvoir, il y a sept ans, quand les militaires ont annoncé leur intention de rester aux commandes pour des années, j’ai été élu président du comité consultatif devant décider si ce serait pour quatre ou deux ans. Après avoir rencontré des gens à travers le pays et recueilli leurs points de vue, toutes communautés confondues, nous avons dit non : deux ans, cela suffisait ! Ils n’ont pas aimé du tout (rire)…

-La fin de votre roman, “The second round”, ne découle-t-elle pas plutôt d’une vision pessimiste des choses…

-Vous savez, ce roman devait être le premier d’une trilogie. J’ai rédigé le second et mon éditeur m’a demandé de le revoir. Mais comme j’avais beaucoup de choses à faire, je n’ai pu m’y atteler. Je viens juste de terminer un autre roman, totalement différent de l’autre. Il ne se situe pas dans le cadre de cette trilogie. Un gros roman. Je l’avais en chantier depuis des années et je dois d’abord le soumettre à la maison d’édition.

-Quel en est le thème principal?

-C’est difficile à dire, mais on peut retenir que c’est la question des régimes militaires sur notre continent qui y prédomine: le traumatisme qu’ils provoquent et la manière de surmonter une telle épreuve.

-Que pensez-vous de la nouvelle génération d’écrivains gambiens?

-Hé bien, il y a beaucoup de gens qui écrivent en ce moment. Il faudrait avoir le temps d’examiner cette production pour séparer le bon grain de l’ivraie. J’estime qu’ils n’ont pas l’esprit très vif et une large idée de ce qu’est la littérature mondiale. Ils n’ont pas eu la possibilité de beaucoup lire. C’est là un handicap à mon avis. Il y a également l’utilisation de la langue anglaise. Dans certains cas, cela n’est pas heureux. Ils écrivent dans une langue étrangère, mais j’estime que quand on doit le faire, il faut le faire correctement.

-Peut-on vous considérer comme le père de la littérature gambienne?

-Dans un sens peut-être, mais il y a d’autres écrivains de ma génération: Gabriel Roberts (NDLR: l’actuel président de la Commission électorale indépendante de Gambie), Mme Jawara qui a aussi écrit des pièces de théâtre et qui est la première épouse de l’ancien chef de l’Etat.

-Qu’avez-vous fait au profit de cette jeune génération?

-Nous avons commencé par un magazine, “Ndanaan”, mais comme dans nombre d’entreprises du genre, peu de gens s’en occupaient. Avec les voyages de certains membres et le fait que personne ne l’avait pris en charge, ce journal est mort de sa belle mort. De temps en temps, comme certains de mes textes sont donnés aux élèves aux différents examens, j’ai l’habitude de faire le tour des établissements scolaires pour parler de poésie, de mes œuvres, etc.

-Vous êtes également chirurgien. Cela vous laisse-t-il suffisamment de temps pour vous consacrer à la littérature?

-Quand je dois écrire, je trouve le temps de le faire. Il est vrai qu’il est difficile de concilier mon travail de chirurgien et ma vie d’écrivain, mais à présent je ne travaille pas pendant de longues heures comme auparavant. J’ai donc un peu plus de temps pour l’écriture. En dehors de cela j’ai d’autres activités. J’exploite par exemple une ferme, je produis des arachides que j’exporte. D’autres denrées aussi.

-Avez-vous des enfants qui vous aident dans cette ferme?

-Aucun.

-Une épouse?

-J’avais une femme dans ma vie… C’est Rosemary, une Anglaise. C’est quand j’étais chanteur d’opéra que nous nous sommes connus. Elle jouait du piano, moi je chantais. Nous avons ainsi donné beaucoup de concerts ensemble. Elle est venue ici, mais elle est restée deux ans puis nous avons rompu il y a une trentaine d’années. Et je ne me suis toujours pas remarié.

-A quoi attribuez-vous les échecs qu’ont subis bon nombre de couples euro-africains?

-Je crois que cela est dû à l’incompatibilité des cultures. Je crois que la plupart n’arrivent pas à déterminer ce qu’ils vont faire au juste en arrivant en Afrique. Le fait est qu’en Afrique vous n’épousez pas un individu, mais une famille entière. Or les Européens sont très individualistes. En Europe, vous vous mariez avec une femme et vous devez tenir la famille à l’écart. En Afrique, c’est différent. Et quand la femme blanche débarque et voit les cousins et les autres, les problèmes surgissent. Prenez le cas de la mienne: quand nous sommes allés à Bansang, ma mère est venue habiter chez nous. C’était pendant l’hivernage. Elle a voulu élever de la volaille, mon épouse lui a rétorqué: “c’est ma maison!”. Or je crois que ma mère avait le droit de le faire dans ma maison. Ce sont ces petites choses, apparemment dérisoires, qui créent la mésentente dans ces ménages.

-Comptez-vous des amis parmi les écrivains sénégalais?

-Ousmane Sembène en est un. Il y a également cet homme à la pipe… Mamadou Traoré Diop. Il y a deux ans, il y a eu à Saint-Louis un séminaire organisé par l’écrivain Cheikh Hamidou Kane qui m’y a invité. J’ai lu son roman “L’aventure ambiguë”, les œuvres de Sembène, celles de Mme Aminata Sow Fall.

-Entretenez-vous des relations avec les écrivains africains anglophones de votre génération?

-Je les connais tous: Wole Soyinka, Chinua Achebe, Ayi Kwei Armah, etc, mais nous présentons des différences. Eux, ils appartiennent à une communauté indigène alors que moi je suis membre de la communauté Akou (créole). Nous avions des perspectives différentes. Je pense que c’est là que se situent nos différences.

-Les Akous constituent en Gambie une communauté minoritaire. Pourtant cette dernière semble très puissante. Est-elle également puissante économiquement ou politiquement?

-Je pense que son pouvoir en Gambie faiblit. Il est minime aujourd’hui, mais par le passé, du temps de mes parents, c’était un groupe très puissant. C’est là que l’on retrouvait les intellectuels, les gens qui avaient fait le collège et les Akous avaient un poids économique dans la société gambienne. Ils étaient négociants, marchands. Un pouvoir politique aussi, mais d’une manière générale en Afrique de l’Ouest, les Akous que vous trouvez encore dans les capitales des Etats ont des responsabilités au plan politique. Aujourd’hui, ce n’est plus comme avant.

-La communauté Akou n’est-elle pas aujourd’hui affectée par l’émigration?

-Malheureusement oui. En Sierra Leone par exemple, beaucoup d’entre eux ont dû partir à cause des troubles qui y ont éclaté. Ils sont allés en Amérique ou en Europe.

-Les Akous ne risquent-ils pas de disparaître en tant que communauté? Une telle perspective ne vous effraie-t-elle pas?

-Cela ne m’effraie pas du tout. Ce qui me préoccupe le plus, c’est le développement de l’Afrique et que la majorité des Africains prennent leurs responsabilités pour le bien-être des populations. Alors, que les Akous survivent en tant que groupe ou disparaissent, cela m ’importe peu. Ce qui compte, c’est que les masses africaines se lèvent face au reste du monde.

-Les Akous c’est aussi une culture, une langue, une sorte de pidgin. Celle-ci garde-t-elle toute son influence?

-Elle reste encore une lingua franca, une langue de communication. Je crois que si vous vous rendez dans n’importe quelle capitale de l’Afrique de l’Ouest et que vous parliez l’Akou, il y aura au moins quelqu’un pour vous comprendre. En outre il y a à présent un dictionnaire créole (NDLR: Akou) rédigé à Freetown par Eldridge Jones. C’est très intéressant comme travail…

-L’Akou n’est pourtant pas enseigné dans les écoles…

-En Gambie non, mais à Freetown, il a été introduit dans l’enseignement. Ici, vous savez, nous constituons une toute petite minorité. Les musulmans représentent 95 % de la population. Certains Akous sont devenus musulmans, mais la plupart sont restés chrétiens. Ma famille est protestante, mais moi je ne suis pas pratiquant. Je n’ai pas de religion.

-N’avez-vous jamais été tenté par la politique? Etre député par exemple?

-Je pense que pour les gens, nous sommes d’une plus grande utilité si nous restons à la base pour aider, pour soutenir les populations. Il vaut mieux laisser les autres se charger de la politique. En outre, la politique africaine est indigeste pour l’instant. Je pense avoir le statut d’un responsable. Les gens me demandent conseil et je suis disposé à répondre à leurs attentes, mais je ne me suis pas réellement engagé au plan politique.

-Vous êtes pour l’intégration africaine. Que pensez-vous de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)?

-C’est une bonne chose. Cependant, comme pour les grandes entreprises, elle mettra forcément du temps avant de se réaliser. Il y a des aspects qui ne conviennent pas. C’est pourtant une bonne idée. Il y a des Etats membres qui ne versent pas leurs cotisations. Vous traversez la frontière par exemple et quelqu’un vous dira qu’il ne se sent pas concerné par la CEDEA0. Voilà la réalité. Mais c’est là une question d’éducation. Quand les gens seront suffisamment instruits et sensibilisés, ça ira mieux.

-Il y a aussi le fait que notre sous-région connaît des situations de guerre. Le Liberia, la Sierra Leone, la Guinée, le conflit casamançais. Quelle est la lecture que vous en faites?

-Hé bien, je crois qu’il faudra attendre l’avènement d’une autre génération de leaders politiques pour être en mesure de nous débarrasser de tous ces problèmes. En Sierra Leone, le principal problème c’est le diamant. Chacun veut être diamantaire. Je dis par exemple que Nehru (leader politique indien: NDR) était un homme distingué, cultivé, appartenant à une riche famille. En Afrique, c’est le contraire : on arrive au pouvoir la bouche et les poches vides et l’on cherche à s’enrichir. On finira bien par comprendre que l’argent n’est pas une fin en soi, ni le fait d’avoir une maison luxueuse. Qu’il faut s’assurer que les gens bénéficient d’hôpitaux, d’écoles, etc. Le problème casamançais? Ce qui m’attriste, c’est que cette partie du Sénégal que je connais est ravagée par la guerre. Les origines de ce conflit sont, à mon avis, économiques avant tout. Ensuite, c’est le résultat d’une incompréhension. Il suffit que quelqu’un dise: “on va mettre beaucoup d’argent et de moyens dans cette région qui est le grenier du Sénégal, on va construire aussi une université”. Et l’on en viendra à bout.

-Quel regard portez-vous sur les premiers dirigeants du continent, les Senghor, Houphouët-Boigny, Nkrumah? Ont-ils échoué dans leurs politiques de développement?

-Je pense qu’il était très difficile pour eux de réussir. Ils ont été les premiers à tenter de sortir l’Afrique du sous-développement et n’avaient pas une idée claire des problèmes, des écueils qui les attendaient hors du continent. Je les admire donc pour tout ce qu’ils ont pu réaliser. La lune de miel est finie et aujourd’hui il faut tirer des enseignements à partir de leurs erreurs. Les responsables actuels promettent beaucoup avant d’être élus et après, on ne voit pas de différence par rapport aux régimes précédents. Il y a toujours la fuite des capitaux, les détournements de deniers publics.

-Certains pensent que le fanatisme religieux est le grand défi de ce siècle et qu’il constitue une menace réelle. Qu’en dites-vous?

-Je crois que c’est une erreur, mais je pense appréhender les causes de ce fanatisme. En l’occurrence le fait que les musulmans et les Arabes soient contre les Américains. Prenons la Palestine et Israël. Si chacun se montre juste pour rendre au peuple palestinien cette terre qu’il réclame depuis tant d’années, au lieu de le massacrer, je pense que le fanatisme religieux s’estompera. Mais si les Américains permettent à l’autre partie de faire ce qu’elle veut, il faudra beaucoup de temps pour convaincre les gens que le fanatisme n’est pas la bonne voie…

La source: Le Soleil, 25.000 ex., Sénégal, quotidien lancé en 1970. Proche du pouvoir, il doit son nom à Léopold Sédar Senghor, alors président de la République du Sénégal, et figure parmi les principales sources d’information du pays (www.lesoleil.sn).

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