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lunes, mayo 13, 2024

Rachid Boudjedra: “J’ai raconté, à l’Autre, notre civilisation arabo-musulmane”

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Rachid Boudjedra: “J’ai raconté, à l’Autre, notre civilisation arabo-musulmane” Par M. Bouamoud

Durant trois décennies entières, l’Algérien Rachid Boudjedra est resté l’un des rares et plus grands monuments de la littérature maghrébine de langue française. Devenu célèbre dès son premier roman, “La répudiation” publié en 1972, Boudjedra a cependant écrit une bonne quinzaine de romans (dont l’inoubliable “Les mille et une nuits de la nostalgie” ou encore “L’insolation”, “Le démantèlement”, “La pluie”, “L’escargot entêté”…), quelques recueils de poésie, l’incroyable pamphlet ” FIS de la haine “, et, depuis quelques années, des romans en langue arabe. Sans oublier qu’il a été traduit dans environ 30 langues.

Réalités l’a rencontré à Beit El Hikma lors du colloque sur Interférences culturelles et écriture littéraire.

-Ecrire en français et être publié en France, ça représente quoi pour le Maghrébin que vous êtes?

-Je me suis fait publier en France pour fuir la censure algérienne vers la fin des années 60, mais j’aurais pu écrire en arabe. J’avoue, néanmoins, qu’écrire en France, ça donne un écho beaucoup plus important que si j’avais écrit en Algérie; la France, et quand même Paris, ça a une diffusion universelle. Et donc, il est clair que si j’avais commencé à écrire en arabe en Algérie, je n’aurais peut-être pas eu l’importance que j’ai maintenant, et ça m’a beaucoup aidé. Je dois le reconnaître: c’est quand je suis devenu célèbre en France que l’Algérie m’a accepté tel que j’étais. Il n’y a plus eu de censure avec moi en Algérie parce que j’étais très connu à l’étranger. Et quand je suis revenu en Algérie, plus personne ne pouvait toucher à mes textes, et j’ai eu, grâce à la notoriété que j’ai eue en France, une notoriété universelle et une notoriété algérienne, donc maghrébine. Aujourd’hui, je suis bien accepté en Algérie…

-Bien accepté et… un peu persécuté?

-Par qui? Par les islamistes? Ah non! c’est fini maintenant, parce que les islamistes sont défaits, il y a eu une défaite claire, nette et définitive de l’islamisme intégriste dans son aspect de violence barbare. Je peux dire que depuis trois ans, je suis vraiment tranquille chez moi -avant je me cachais beaucoup-, maintenant tout le monde sait où j’habite et a même mon numéro de téléphone…

-A propos des islamistes…

-S’il vous plaît, je n’aime pas parler politique…

-Rarement un Maghrébin de langue française, et publié en France, a véhiculé une image reluisante du Maghrébin, et… Boudjedra n’a pas échappé à la règle.

-Vous voulez dire que j’ai montré une image négative de l’Arabe? Et où avez-vous vu ça, s’il vous plaît?

-Ne serait-ce que dans votre roman “Topographie idéale pour une agression caractérisée”, là où on voit l’Arabe toujours perdu, toujours si gauche, si dépaysé, ne comprenant rien à ce qui se passe chez l’Autre, etc….

-L’émigré, ah oui, il est tout le temps perdu; nous sommes tous perdus dans leur civilisation; l’émigré, surtout, subit le racisme; le racisme, c’est pas moi qui l’ai inventé; au contraire, je défends l’émigré parce qu’il est à la fin (il: le personnage du roman, NDLR) assassiné par racisme, donc je le dénonce; dans “Topographie…”, c’est l’émigré qui est positif. Cela étant, dire des choses de nous-mêmes qui sont réelles, il ne faut pas non plus les cacher aux autres; comme nous dénonçons les autres dans leur faiblesse, nous le faisons pour nous-mêmes.

-A travers toute votre œuvre, quelle mission estimez-vous, en tant que Maghrébin, avoir cherché à accomplir?

-Je n’ai aucune mission. J’essaye de donner du plaisir au lecteur à travers le texte ; je suis contre la littérature engagée. La littérature c’est comme la musique. Pourquoi ne parle-t-on pas d’engagement politique de la musique -j’entends la musique savante? L’écrivain, c’est comme le musicien, on se donne du plaisir, d’abord, en écrivant, et on donne du plaisir au lecteur quand il nous lit… Nous avons du plaisir à lire les autres aussi… Un homme politique a une mission, un pédagogue a une mission, mais la mission de l’écrivain c’est de donner du plaisir, de donner un texte esthétiquement beau…

-Et voilà Boudjedra passé de la langue française à l’arabe…

-Eh bien, oui! C’est parce que j’aime cette langue; parce que, quand j’étais publié en France pour des raisons de censure; et que, quand je suis rentré en Algérie, après sept ans d’exil, j’ai pu absolument écrire sans censure, eh bien j’ai trouvé un lectorat arabe important qui s’est développé entre temps, notamment des jeunes; j’ai voulu écrire pour mes racines, pour dire ma fierté pour cette langue, surtout pour démontrer que cette langue est capable de s’adapter au monde moderne et de véhiculer des idées avancées, progressistes et même scientifiques et nouvelles…

-Dans l’un de vos romans, vous avez, une fois, glissé la phrase suivante: “Toute écriture est bavardage”…

-Oui, c’est vrai, et je le pense aussi… Mais ce n’est pas négatif; c’est-à-dire que la littérature n’a pas de mission, n’a pas de message à donner; c’est un bavardage sympathique… On bavarde avec autrui mais on s’instruit, ce faisant…

-Il y a très longtemps, à un journaliste de Jeune Afrique qui vous demandait pourquoi votre langue (française) est par trop absconse et hermétique, vous aviez répondu: “Je n’aime pas m’adresser à tout le monde”… -Non, je ne me souviens pas avoir dit ça; étant donné que j’écris d’une façon complexe, il est clair que ceux qui ne peuvent pas accéder à mon texte, je ne vais pas les obliger à y accéder… Mais je crois que le lecteur est plus intelligent qu’on le croit, et je crois aussi qu’il y a des tendances dans la littérature: il y a le roman simple, le roman réaliste etc, et chaque lecteur trouve son bonheur là où il peut… Moi, j’écris pour moi-même et pour ceux qui peuvent y trouver du plaisir; tout de même, il y a chez nous -au Maghreb- des élites qui ont besoin de quelque chose de plus élaboré, que ce soit dans la littérature, le cinéma ou autre chose… Au contraire, il faut qu’il y ait plusieurs courants… Chez nous, par exemple, Mohamed Dhib était beaucoup plus élaboré que Mouloud Feraoun, et par la suite Kateb Yacine était davantage élaboré… Donc, du développement de tout ça, il y a eu des écoles…

-Vous avez épilogué votre intervention sur “L’interculturalité” par: “Je dis merci à l’Autre qui m’a offert sa culture, sa civilisation et la belle langue de Proust…”; et Boudjedra, qu’a-t-il offert à l’Autre?

-J’ai offert la langue arabe, j’ai offert la relecture des “Mille et une nuits” par exemple, j’ai offert les savants et les philosophes, tels que Ibn Khaldoun; je le dis sans prétention, mais les Français ont découvert Ibnou Arabi, par exemple, à travers Rachid Boudjedra… Presque dans tous mes romans, j’ai parlé de Ibn Khaldoun… J’ai donc, toujours, magnifié le côté positif, riche, de la culture arabo-musulmane, et j’ai toujours raconté, à l’Autre, notre civilisation arabo-musulmane… Je n’ai eu de cesse de parler du côté scientifique, culturel et artistique de notre civilisation…

La source: Réalités, hebdomadaire de la Tunisie, né en 1986, c’est le fief de certains des meilleurs jeunes journalistes et intellectuels tunisiens (www.tunisieinfo.com/realites).

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